Elle

Elle erre
Seule
Dans les rues lugubres
Au silence glauque et malsain
Où le vent froid d'automne
Psalmodie des prières
Qu'elle seule peut comprendre
 
Elle a froid à l'intérieur
Son coeur est de glace
Elle tremble, frissonne
Ce souffle sombre la pousse vers l'avant
Murmurant des paroles salées
Au creux de son oreille
Lui faisant revivre
De douces périodes de son enfance
Pieds nus dans le sable
Les embruns lui fouettant le visage
Les joues roses de plaisir
Cette lointaine époque où elle se sentait aimée
Quelqu'un
 
Et elle pleure, pleure
Songeant à tout ce qu'elle a laissé échapper
Tout ce qu'elle a laissé filer entre ses doigts de fée
Et qu'elle ne retoruvera jamais
 
Et elle marche, marche
Ses pas résonnant sur le macadam
Dur, sourd
Elle est hors de tout
Elle voudrait tant revenir sur ses pas
Mais le temps a fait son oeuvre
Elle est oubliée
Personne
Plus qu'une ombre sur une photo
 
Elle ne sait plus d'où elle vient
Elle ne sait plus qui elle est
Alors elle erre et errera
Jusqu'à ce qu'elle tombe et rejoigne les anges
Où qu'une âme solitaire et charitable
Ne se reconnaisse dans ses yeux
Et lui tende la main
Pour la sortir de ce puit sans fond
Qui l'apire et la retient
En son sein
Son abîme.