Îvre
Le comptoir brille, luît, éblouit
Sa surface christalline sillonée de rayures
Si semblables à des cicatrices
Les néons s'y reflètent à l'infini
Accoudé à cette étincellante surface
Il sombre
Les yeux plongés dans l'ambre de sa boisson
Il rêvasse, divague
Son esprit s'envolle, décolle
Atteind les hauteurs enfumées du plafond
Pour redescendre enfin de plein pied dans cette absurde réalité
Il porte le verre à ses lèvres tandis que le liquide brûlant dévale son gosier
Sensation éphémère
Oublier, oublier ce que signifie concret
Ne pas affronter ce qui l'attend de l'autre côté
Du miroir, s'évader
Il boit, avale, ingère sans conscience
Ce geste automatique libère ses sens
Pour une soirée, il se sent léger
Mais demain quand le soleil sera levé
Du haut du pont il se sera jeté...